Avoir la chance de se balader dans le désert tunisien et pouvoir rencontrer et discuter avec certains propriétaires de petites parcelles ne se refuse pas….. surtout en pleine saison de collecte ou toute la population ressemble à une ruche en pleine action autour de la palmeraie ; en effet entre 50 000 et 60 000 familles vivent de cet “or brun” ;
ici, sont principalement cultivées les dattes Deglet Noor, littéralement “doigt de lumière” ; rencontrer les petits producteurs et converser avec eux, se faire offrir spontanément une branche chargée de belles dattes claires et mures, observer les deux principaux types de culture et surtout comprendre l’importance de ce fruit béni des Dieux dans cet environnement hostile était passionnant ; je prends donc le relai pour vous expliquer tout cela ;
Le palmier dattier est réellement la culture “providence” dans cette partie du Sud Tunisien ;
et naturellement “rien ne se perd et tout se transforme” ! 😉
- les noyaux ainsi que les dattes jugées trop “dures” sont concassés et servent d’apport énergétique au cheptel (les dromadaires en raffolent)
- les palmes sont utilisées pour fabriquer différents objets usuels en vannerie (couffins, corbeilles, éventails, chapeaux, nattes etc…) ; les branches entières servent de gabions pour fixer les dunes et naturellement couvrent les toits ;
- le bois donne des meubles intéressants mais sert aussi de combustible dans une contrée ou peu d’arbres résistent au climat ; à Tozeur, le bois de palmier est utilisé pour la cuisson des célèbres briquettes de parement;
- les fruits par eux mêmes sont évidemment extrêmement importants : ils apportent de nombreux nutriments et d’antioxydants ; fraîche, la datte est composée de 70 % d’eau, de sucres et de vitamine C, (capable d’éloigner le scorbut). Elle contient aussi des sels minéraux. Avantages considérables pour les caravaniers qui se nourrissaient exclusivement de lait de chamelle et de dattes lors de leurs pérégrinations dans le désert ;
Les palmiers dattiers ont besoin d’avoir les pieds dans l’eau pour se développer convenablement ; ils sont donc la plupart du temps irrigués ; dans cette région, l’eau est très légèrement salée, car proche du Chott El Djérid, mer intérieure desséchée, au Sud de la Tunisie ; le phéniciculteur a trouvé la solution en mélangeant la terre avec du sable ce qui réduit le taux de salinité ; ici se pratique la culture dite “à étages” : les palmiers protègent de leur ombre bienfaisante le maraichage et les arbres fruitiers tels que les figuiers et les grenadiers ;
cette terre très légèrement salée confère un très léger goût aux cultures qui semblent plaire ….ici, nous avons les agneaux de pré-salé tellement savoureux…. 😉 c’est la méthode de culture traditionnelle ;
à l’heure actuelle, il est plutôt habituel de planter les palmiers-dattiers à environ 8 mètres de distance pour obtenir des fruits plus gros et plus charnus ; mais cette méthode de travail nécessite davantage d’eau….
Les palmiers dattiers supportent assez mal les vents du désert particulièrement asséchants ; aussi, pour s’en prémunir des barrières appelées brise-vents sont mise en place un ou deux ans avant la plantation de la palmeraie ; ils ont besoin d’une grande clarté quotidienne, d’une chaleur intense, d’un taux très bas d’hygrométrie mais supportent néanmoins les nuits particulièrement fraiches du désert ; cependant il ne suffit pas de faire pousser un palmier dattier pour obtenir des dattes, et si la pollinisation se faisait naturellement, par le vent, c’est maintenant au printemps que l’homme se charge de féconder artificiellement les palmiers ;
La Tunisie exporte plus de 50% de sa production de plus en plus avec le label bio ; tant mieux pour nous car nous sommes les plus grands consommateurs de dattes en Europe ;