Arrivage d’Europe ou du foie frais…. à la mangue

Je sais que cela ne vous dit pas grand choses à vous, les arrivages ;

mais dans notre petite communauté d’expats, nous vivons bercés par les arrivages ;

de tout et de n’importe quoi d’ailleurs…. du pyrèthre (puissant anti bestioles à vaporiser sur les murs) que du dernier Elle à table…

Aussi lorsque ma moitié d’Orange est rentré, les têtes blondes se sont précipités sur la valise, cherchant frénétiquement le toblérone au chocolat blanc, les lunettes de moto….

Je suis restée de marbre, stoïque, attendant que la nuée de moineaux s’égaye, pour aller vérifier si ma commande perso était là !

eh ben oui, Palamagri avait encore sévi (merciiii mes gentils coursiers de Fronce…)  et 4 magnifiques foies gras bien emmaillotés dans du papier journal et une glacière souple m’attendaient ; quelques magrets également de la même maison ;

Vous avez besoin

 1 beau foie frais

4 mangues

sel pimenté

escalopez votre foie gras ; en général il est déjà dénervé, cela vous facilitera la tâche, si vous n’en avez pas l’habitude ;

épluchez les mangues et coupez-les en lamelles de la taille d’un doigt ;

prélevez un peu de foie et mettez-le dans une poêle ; faites le fondre doucement et rajoutez les fruits ; ils vont cuire et légèrement confire en s’imprégnant de la graisse rendue ;

faites chauffer votre poêle “a sec” ; déposez les tranches de foies ; une minute sur chaque côté à feu vif ; versez régulièrement le surplus de gras sur les mangues puis dans un bol que vous conserverez au frigidaire ; vous l’utiliserez ensuite pour accomoder de délicieuses pommes de terre un soir de pénurie ;

ne laissez surtout pas brûler, cela serait dommage….

je ne m’embarrasse pas de la phase “farinage” préconisée par certains ;

si la cuisson est bien menée, les escalopes de foie auront un bel aspect presque croustillant puisqu’elles ne marinent pas dans l’excés de gras ;

les mangues se marient extrèmement bien avec le foie frais ; je pense d’ailleurs que c’est l’alliance que je préfère ; hormis les figues de mon figuier cependant….

J’aime bien ça ;  

 Je ne résiste pas à vous proposer ce merveilleux billet tellement de circonstance ; il est plein d’humour…. mais tellement réaliste !

“Nous avons tous en nous quelque chose d’alakalufes, ces nomades des mers du grand sud, qui trimballaient un peu de leur terre dans leurs barques. Autres temps, autres mœurs, on vous l’accorde. A cette époque nécessité faisait loi mais c’est sans doute une histoire de gènes récessifs qui fait que nous ne pouvons pas nous empêcher de transporter un petit quelque chose qui parle du pays. Bon sang ne saurait mentir !!!!

by Paquita de http://www.femmexpat.com/

D’aucuns vous diront que ça relève plus du caprice que de la nécessité. Et bien toute honte bue, nous assumons.
Certes quelques purs esprits amish, ascendant mormon, voyagent avec deux tee shirts en coton issus du commerce équitable et un savon de Marseille, il ne nous viendrait pas à l’esprit de les critiquer, ni d’ailleurs de les envier. Mais force est de constater, que l’expatriation révèle des envies bizarres…

Il s’agit ici du même ressort : en expat, on est loin et même si on a tout, il nous manque le petit truc qui nous fait au choix, ou saliver, ou fantasmer.

Qui n’est pas parti en mission en France avec une liste longue, comme la chevelure de Samson, dressée par des amis, de ces petits riens qui vous font la vie plus douce juste un nano instant quand on est en expat.

Au retour, on a la faiblesse de se croire attendue avec une ferveur païenne, tout en sachant que c’est notre précieuse cargaison, lourde d’un passé ici décomposé, qui fait surtout l’objet de tant de convoitises !

Dans le ventre de la valise on enregistre en vrac des commandes :

D’une pharmacopée digne d’un hôpital de campagnDes granules homéopathiques pour soigner tous les bobos de la terre alors que si on en avait même pas la moitié on serait déjà raide dead ! Tout ça multiplié par X tubes, à croire que les impétrants les servent en apéro ! Et bien sûr, le dentifrice qui va avec… Et on ne vous parle pas des basiques genre Biafine, Paracétamol, autant de médecines qui ont forcément le goût de la petite madeleine de Proust.
Des crèmes de toutes les textures, couleurs, et odeurs pour enduire au minimum 400 km de peau.
Du colorant pour « blondes » parce qu’en Asie c’est juste mission impossible et sachant que les cheveux poussent d’un centimètre par mois, on n’a pas trop envie de ressembler à Cruella pas plus qu’à un bonze au crâne rasé, autre alternative !
Des tétines parce que rien n’est moins universel que les tétines, qui l’eut cru !

De la culture en conserve.
Des bouquins improbables repérés sur les charts (liste des tops 10) histoire de ne pas laisser le cortex en jachère.
Des ouvrages à forte valeur philosophique ajoutée : Paris Match, Elle, Gala, Biba…. autant de titres fortement engagés.
On ne crache pas non plus, sur les gratuits des compagnies aériennes : Le Monde, Les Echos, c’est aussi notre éco participation pour lutter contre la déforestation.
Du lourd comme les DVD de Camping, les Ch’tis nos Bunuel et Romher version 2008, rien que du grand cinéma c’est vrai ! C’est pas notre genre de pirater, bon même si quelques fois nos doigts ripent malencontreusement sur le clavier…
Des CD des grands maîtres : celui de la femme du président pour être un bon citoyen, Raphaël, Ruiz… C’est notre côté diffuseur d’ambiance et de culture française…
Forcément pour se faire plein de nouvelles amies qui laperont vos Jimmy Choo pour vous les emprunter les saisons récentes de 24 chrono, Docteur House, Les Tudor…, toutes celles qui apportent un regard sur la vraie vie quoi…

Et si jamais il reste un nano espace, des copies rayures Seyes, un truc de malade de l’éducation nationale française !

Du ravitaillement de première nécessité.
Du chocolat à cuire (même Madame Savon de Marseille en veut, on a le triomphe modeste….).
Du thé qui a un goût de thé qu’on connaît je veux dire, les inpats en Inde et en Grande Bretagne se reconnaîtront…
Des petits gâteaux, des bonbons Haribo, parce que malgré notre récente cure de rehab aux fraises Tagada, on a rechuté, pas fière….
Du fromage qui pue et du saucisson parce que même sous 40° on en a les papilles au bord de l’extase.
Des boissons du Bordelais qui font rire.
Du gros sel en moulin et de la moutarde de Dijon.

Et, et, et, et… Si on s’écoutait, on passerait presque le brevet de pilote d’avion cargo pour transporter jusqu’à la dernière case cochée de notre liste. La faute aux alakalufes pré-cités, qui ont mis le ver dans le fruit dans des temps immémoriaux.

Enfin je dis moi, aux grincheux de tous poils qui s’offusqueraient de tant de frivolités, que non cela ne nous empêche pas de participer à l’économie locale. D’ailleurs rien ne nous a jamais empêché de participer au commerce, c’est même bien notre problème. Non c’est vrai y en a marre de ces houellebequiennes ascendant Calimero qui nous font la leçon alors que nous voulons seulement un peu de douceur dans ce monde de brutes !”