Les vacances touchaient à leur fin ; dans la Montagne Noire, les soirées étaient plus fraiches ; l’orage d’hier soir avait été terrible et son fracas retentissait encore dans ses oreilles ; il avait du faire du bien à la vallée desséchée ; “ça plooombe, con dans la plaine ! “, tout l’été, il entendait ce même refrain lorsque les visiteurs retrouvaient la fraîcheur bienfaisante engendrée par les petits 800 m d’altitude ;
pourtant, c’était “demain” que la neige arriverait et couvrirait les lauzes, ces grandes pierres plates en schiste ; l’hiver était rigoureux dans les contreforts du massif central ; c’est là que son école avait élue domicile ; créée à l’époque de Louis XIV, elle était quasiment restée en l’état, un parc splendide, des lieux magnifiques mais des locaux truffés de courants d’air, des salles de douches ouvertes aux quatre vents…
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les Dominicains géraient à ce moment-là cet internat aux hauts murs et ou les familles d’expatriés laissaient leurs rejetons ; c’est ainsi qu’il avait des amis nés au Vietnam ou bien à Madagascar ; ils lui racontaient leurs réminiscences d’enfance et cela donnait une consistance particulière aux souvenirs de ces colonies narrés par son père et ou il avait lui même passé quelques bribes de sa prime enfance ;
cette promiscuité quelque peu forcée lui donnait un discernement que ne possédaient pas les adolescents élevés dans un contexte plus traditionnel, une maturité un peu plus précoce en quelque sorte ; ce microcosme de la société hors les murs était une rude école de vie avec ses avantages et ses inconvénients ;
il sentait bien cependant que cet enseignement un peu rude mais solide, lui donnerait les clés de sa vie future ainsi que le chemin de sa destinée ;
il ne tenait qu’à lui de faire sienne les méthodes d’enseignement, mûrir par la réflexion et pénétrer plus avant dans la connaissance de lui-même et des autres pour que sa personnalité éclose ;
c’était donc le cœur plus léger qu’il se préparerait dés demain à se séparer du cocon familial, de la douceur des derniers jours d’été dans cette maison de famille tellement chérie ;
il allait retrouver les cavalcades dans les longs couloirs sombres,humides et il faut bien l’avouer sinistre, l’uniforme qui grattait autour du cou (cette année, il intègrerait le groupe des rouges) et la levée des couleurs difficile les jours de pluie ;
Savait-il seulement cet adolescent que quelques années plus tard, il y serait reçu en hôte de marque dans cette abbaye-école transformée en lieu de villégiature… et qu’il emmènerait sa famille fouler les pavés usés sur lesquels il entendait encore les bousculades de son enfance….
4 commentaires
Wow, je viens de lire le résumé de cette école…je ne connaissais ni le lieu (pas étonnant) ni son histoire.
Tu rends bien l’ambiance même si tu nous mets de belles photos lumineuses 🙂
merci Tifenn !
Autre epoque. Et quel lieu magnifique. C’est un coin de France que je ne connais pas du tout et que je reve de visiter.
autre époque effectivement….. ne fuis pas tes rêves, yallah !