Elle aimait bien venir s’asseoir dans ce fauteuil ; c’est vrai qu’au fil des années il était devenu un peu bancal ; pourtant c’était celui qu’elle préférait ; peut-être justement parce qu’il gardait l’empreinte de son corps, si menu maintenant ;
il l’accueillait comme un ami, lorsqu’elle venait, chassée de sa chambre par 1001 songes ;
prés de la fenêtre, dans la grande pièce toute fraîche, elle entendait les bruits de la maison endormie ; le linteau de la porte qui grinçait, les vieux tuyaux qui renâclaient ;
elle entendait aussi sa respiration calme dans la pièce d’à côté ;
elle pouvait si bien se l’imaginer ;
elle avait si souvent été le voir, le contemplant longuement dans la pénombre ;
elle reconnaissait ce raclement de gorge, ses quelques paroles balbutiées pendant que le sommeil est profond ;
de ses grands bras il tenait son coussin comme un naufragé ; ses jambes avaient repoussé le lourd drap de lin pour recevoir la fraîcheur de l’aube ;
elle aimait bien le savoir ici ;
elle savait que lui aussi prenait plaisir à ses retrouvailles comme issues d’un autre temps ;
demain, elle lui ferait son plat préféré ; elle enfilerait alors son tablier, le bleu, c’était le plus beau ;
il la regarderait éplucher les oignons, couper la viande d’un coup sec de son hachoir, doser les épices ; tous ces gestes vus et revus depuis l’enfance ;
elle en profiterait pour lui donner des nouvelles de leur famille ; elle savait bien qu’il l’écouterait d’une oreille distraite, plongé qu’il était dans les préoccupations de son travail ;
mais, elle sentait qu’elle devait le faire ;
lorsqu’elle disparaîtrait, qui lui raconterait les historiettes de son passé ? les aventures de son grand-père le marin, parti vers le canal de Panama ?
Vous avez besoin
1.5 kg d’épaule de veau
250 g de champignons de Paris
1 oignon clouté
3 carottes
15 cl de crème fraîche
2 jaunes d’oeufs
1 c. à soupe d’huile
30 g de beurre
1 citron
2 c. à soupe de farine
1 bouquet garni (thym, laurier persil)
1 éclat de gingembre
pluches de persil
sel & poivre du moulin
Faites revenir doucement dans une cocotte la viande coupée en gros morceaux avec le beurre et l’huile sans la laisser colorer ;
saupoudrez de farine et remuez pendant 2 min pour bien enrober la viande.
Couvrez à niveau d’eau, portez à ébullition en écumant régulièrement ;
ajoutez ensuite l’oignon piqué des clous de girofle, les carottes coupées en gros tronçons, le bouquet garni, gros sel, grains de poivre de Séchouan et le gingembre* ; couvrez et laisser mijoter environ 1 h ; ajoutez à mi-cuisson les champignons nettoyés et émincés ;
égouttez la viande et les légumes ; filtrez le bouillon, faites le réduire légèrement et rectifiez l’assaisonnement ;
mélangez les jaunes d’oeufs avec la crème et le jus de citron, versez dans le bouillon en remuant et faites épaissir à feu très doux, sans surtout ne jamais laisser bouillir ;
servez avec des tagliatelles, du riz blanc, des pommes vapeur ou bien une polenta crémeuse ;
* : le gingembre apporte une note de fraîcheur insoupçonnée et très agréable ;
J’aime bien ça ;
Je grignote,
Tu dégustes,
Il dévore,
Elle savoure,
Nous goûtons,
Vous ripaillez,
Ils bâfrent, avalent, boulottent, cassent la croûte, chipotent, gueuletonnent, dînent, mordent, bouffent, font bonne chère, se goinfrent, engloutissent, cassent la graine, collationnent, mastiquent, gobent, se restaurent, soupent, se sustentent, se gorgent, rongent, se bourrent, se rassasient, se régalent, se les calent…
5 commentaires
Poivre du Sichuan et gingembre dans la blanquette, c’est chez Dume, evidemment.
le texte est beau, vraiment.
Galvanisant.
Ah oui, c’est bien dit ce moment là…c’est beau. Comme le gingembre.
de la poésie épicurienne…
Tu allies poésie, esprit, met recherché et vin approprié…
J’étais un peu triste lundi en quittant le groupe, il y a eut de bons moments passés, peut-être trop vite envolés, sans avoir vraiment pris le temps de se connaître… En tout cas continue bien, et donne moi de tes nouvelles.