Continuer son bonhomme de chemin… se dire que ce sillon que l’on creuse il est fait également pour d’autres, que ce bout de chemin on le partage avec d’autres, avec Toikimelis par exemple ; peut-être ce dont je suis le plus fière ;
cette ornière que je m’obstine à creuser est ma ligne directrice ; elle me représente ;
le premier village à 18 km en pleine montagne, des “arrivages ” tous les 10 jours, des coupures d’électricité omniprésentes, des produits locaux inimaginables pour une “zoreille” de base, ou une “5.5” (surnom donné en Calédonie aux métropolitains, basé sur la valeur du franc pacifique… XPF ) au choix…
que faire de tous ces trucs, comment gérer ces machins bizarres, comment remplir les assiettes familiales ? je vous assure que ne trouver, le premier jour dans le frigidaire, que du porc-épic boucané (fumé ) a de quoi surprendre…. et le transformer en petit-salé aux lentilles en devient une gageure ; 🙂
on enregistre en ouvrant ses yeux et ses oreilles, on demande des conseils, on va au marché… comme tout le monde en fait ;
mais on réalise à l’usage que l’on est très proche de l’air du temps et que les valeurs que l’on trouve chez ma coupine ainsi que chez ma pote comme elle dit souvent ;
mais on s’interdit tout jugement de valeur à la “zdag” et les prises de tête qui vont avec ; surtout lorsque l’on connait le pouvoir d’achat moyen d’une famille de Peul ; cela relèverait de la pure indécence ;
mais par la force des choses on s’apprend à cuisiner les produits locaux, on fait attention aux saisons, on évite les supermarchés des grandes chaînes étrangères ; et cet apprentissage, même si au départ a été un peu contraint et forcé, il me semble maintenant d’une grande richesse ;
en expliquant mon expérience à mes enfants, je me donne l’impression (très moyennement agréable parfois ), de ressembler à nos grand mères et à leur sacro-saint cours d’économie ménagère…
- de la viande une fois par jour,
- des légumes le plus souvent possible,
- les bons produits sont le plus souvent gâchés par des sauces trop apprêtées,
- rien ne se perd tout se transforme…
- et vive le gratin “gyfoutout” ! 😉
cent fois sur le métier on remet notre ouvrage afin de présenter un pain moins calamiteux et à la mie aérée, on décide que les rillettes de porc auront malgré tout un petit air du sud-ouest en leur rajoutant une lichette de graisse de canard, on apprend à faire sécher les pâtes sur des cintres un peu trafiqués… zavez déjà vu la tête d’une cuisine ressemblant à un dressing d’orechiettes ?
pour moi, l’essentiel est d’être parvenue à leur transmettre ces goûts… la preuve ? ma deuxième molécule va cuisiner ce soir dans sa classe verte un chili texan pour 40 personnes…il est parti la poche pleine de cumin, coriandre et piments ;
une focaccia à l’ail & romarin
autour du pot au feu et comment accommoder les restes
bouzelouf ou tête de mouton au four
biscuit à la cannelle de mon enfance
Vous êtes souvent passés chai Dumè pour vous inspirer de ces différents plats ; merci ;
quant à moi, j’ai beaucoup aimé écrire Dégustation & cuisine, Du pain & des olives, Cuisine de femmes, Le gai savoir des saveurs et des photos, La cuisine… ailleurs ;
Les dernières retouches de mon nouveau lieu sont à peu près terminées ; le lien rss fonctionne, les couleurs me conviennent ; il est temps pour moi de repartir et d’aller vers les autres… bientôt de nouvelles photos sur la poterie au Sénégal ;
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